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Chez le coiffeurEn Egypte... le salon de coiffure est un endroit clos par excellence. Ici, les barrières tombent. On se lâche, on se laisse-aller. On prend une pause et on oublie le temps d’une coupe-brushing et les lois strictes de la société. Alors que « dehors », les rapports hommes/femmes répondent à des codes très précis, à l’intérieur du salon, les rapports coiffeur/clientes, c’est une tout autre histoire. Une histoire d’amitié, de confiance, voire d’intimité. « Vous savez, entre les femmes, il y a toujours ne serait-ce qu’un soupçon de jalousie, de comparaison, voire de rivalité. Une femme pense toujours qu’une autre femme ne peut pas la rendre belle comme un homme », explique Khaled, un jeune coiffeur de 23 ans à peine, et pourtant dans le métier depuis plus de 10 ans. Son collègue, Mahmoud, la trentaine, partage le même avis. « Les clientes nous font confiance parce que nous les rendons plus belles, parce qu’elles pensent que nous avons un meilleur regard que notre collègue femme. Ce n’est pas une question de compétence, c’est juste dans les mentalités », dit-il. Et une cliente de renchérir : « Une femme, oh non, les coiffeurs sont des hommes et ça a toujours été comme ça ! ». Et la polémique s’en va plus belle entre coiffeurs, coiffeuses et clientes. Khaled explique que les hommes sont réellement plus compétents que les femmes dans ce métier et il a sa propre analyse : « Celles qui travaillent dans un salon de coiffure sont généralement de jeunes filles qui ont l’intention d’arrêter le boulot une fois mariées, elles ne se consacrent donc pas entièrement à leur tâche et c’est pour cela que nous, hommes, nous les dépassons ». Et d’ajouter, avec un petit sourire coquin : « Et puis, elles sont toujours un peu jalouses des clientes auxquelles elles se comparent ». Sa collègue, Chahira, le regarde d’un œil critique. Elle travaille depuis 16 ans et refuse, quant à elle, ce jugement : « C’est juste une question d’habitude. Les clientes ne veulent pas changer leur coiffeur, c’est tout, mais beaucoup d’entre nous sont très compétentes, elles ne nous ont juste pas essayées ! ». « Maintenant, avec le voile, on a nos propres clientes. Il y en a quand même beaucoup, peut-être la majorité, qui refusent catégoriquement de se faire coiffer par un homme. Certaines refusent même d’ôter leur foulard devant une de mes collègues parce qu’elle est copte », ajoute-t-elle. Encore une contradiction … ... en Egypte, les coiffeurs craignent surtout la montée des islamistes. Ils s’échangent les histoires de tel ou de tel coiffeur agressé par des islamistes, de tel ou tel salon saccagé. « Jusqu’à présent, rien ne nous est arrivé ici à Maadi, mais on nous dit que c’est arrivé dans les quartiers de Choubra et de Haram, il paraît que des islamistes ont fait irruption et ont essayé de convaincre les coiffeurs d’arrêter car leur gagne-pain est illicite, parfois cela s’est fait violemment, parfois non », témoigne Mahmoud. Selon lui, tôt ou tard, le métier va être interdit. « C’est la stratégie des Frères musulmans, ils ne prennent pas de décisions hâtives, mais ils ont des plans qu’ils comptent bien appliquer à long terme »... In http://hebdo.ahram.org.eg/...Confidences-face-au-miroir-... |
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