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Les conflits
Deux scènes de ménage exemplaires chez Joseph Connoly: Docteur LOVE : le mathématicien qui soigne le couple Autres :
Dans ça ne peut plus durer, page 36 ... «ÉCOUTE, dis-je - écoute-moi, Anne. Je crois qu'on devrait avoir une petite conversation, tous les deux. Mmm? Mettre les choses au point. C'est quoi, cette histoire de "mensonge", mmm? Je ne mens pas. Pour- quoi est-ce que je te mentirais, hein? Qu'est-ce que j'aurais à Y GAGNER? Il faudrait vraiment que tu te poses ces questions-là, Anne. Je veux dire, je suis en position d'accusé, là - mais pourquoi, Anne? POURQUOI? - Oh, ça va, Jeremy, espèce de sale menteur MINABLE. Tu SAIS de quoi je parle, tu le sais Très BIEN. Je n'ai qu'à te regarder pour SAVOIR que tu sais ce que je veux dire et que je suis Sérieuse. Toutes ces femmes - toutes tes femmes, Jeremy - mais qui sont-elles? Pourquoi fais-tu ça? C'est qui? Et les enfants? Tu y penses, aux enfants? Adrian n'est plus un bébé - il voit des choses, il comprend. Ça t'est donc égal, tout ça? Mais pourquoi fais-tu ça? - Attends, Anne - mon Dieu, mais ce n'est pas possible que tu dises des choses pareilles! Il n'y il pas d'autres "femmes" - évidemment qu'il n'y en a pas.» Auparavant - quelques années auparavant - j'aurais peut-être ajouté: C'est toi que j'aime, Anne. Tu ne te rends donc pas compte? Mais bon, il y a des limites. Et de toute façon, je savais qu'aujourd'hui, elle aurait assez de gnack pour contre-attaquer: « Ah ouais? Ouais ? ... ... Alors parle-moi de Dubaï, Jeremy. Dubaï - tu vois? L'été dernier. Tu te souviens? - Je m'en souviens parfaitement... - Oh, tu fais chier, espèce de salaud de menteur. Tu vas peut -être prétendre que. . . - Mais je te dis que... - Oh ça va, hein, ça va, ça va - espèce de salaud de salaud de saligaud. » Mon Dieu, que vous dire que vous n'ayez déjà compris? Étaient-ce là les symptômes d'un malaise plus profond? N'était-ce que cela? J'imagine qu'à présent, il serait facile et bien pratique de le prétendre. Mais là, ça me rendait simplement dingue. Parce que je ! veux dire - prenons Dubaï, par exemple - oui, voilà, Dubaï. J'y étais allé, cet été-là - je devais refaire la déco d'un hôtel assez somptueux pour, dois-je le préciser, des clients extrêmement importants et très, très exigeants (et vu la facture, ils pouvaient). Mais du point de vue d'Anne, j'allais m'envoyer en l'air au soleil! Je veux dire, certes il y avait bien une ou deux filles dans l'histoire (c'est toujours le cas, n'est-ce pas? Ça fait partie du contrat), mais ça n'était pas du tout ce qu'elle pensait. En outre, il est grossier de refuser ce que l'on vous offre. Ce serait perçu comme un manquement aux règles du savoir-vivre, aucun doute quant à cela. Et puis franchement - laissez-moi respirer une seconde, d'accord? Je ne fais que mon métier, comprenez-vous? Aussi bien que possible. Pour entretenir décemment ma famille, enfin j'espère. Et qu'est-ce que ça m'apporte? Hein? Des reproches. Des reproches, voilà tout ce que j'en retire - et des accusations. « Même la fois où on est allés chez Tony et Sheila. . . - Oh je t'en prie, Anne, épargne-moi ça - tu ne vas pas recommencer avec Tony et Sheila... - Jamais je n'oublierai cette honte. Où est donc Jeremy? Voilà ce que tout le monde me demandait. Où donc est passé ce bon vieux Jeremy? Et il était où, ce bon vieux salopard d'enfoiré de Jeremy - hein? - Anne... - Eh bien, on n'a pas tardé à le savoir, n'est-ce pas? Dans la chambre d'amis - grands dieux, d'amis, avec cette garce d'Ulrika - ivre mort, à ricaner bêtement et sur le point de la prendre à même le sol. - Oh, mais ne sois pas idiote, Anne, pour l'amour de 1 Dieu - je te l'ai dit et redit - je l'aidais simplement à : chercher son manteau, et. . . - Ah ouais ? Ouais ? Eh bien, tu avais peu de chances de le retrouver au fond de sa culotte, tu ne crois pas, espèce de sale menteur! Et nom d'un chien - tu étais tellement bourré que tu lui as dit, à voix haute - tout le monde t'a entendu depuis le couloir - elle avait les cuisses nouées autour de ton cou, et tu lui as carrément dit "Faites comme si tu ne me connaissais pas" ! Je veux dire - non, franchement, Jeremy! - Je n'ai jamais dit une chose pareille. Écoute...! - Oh, fous-moi la paix. Je vais me coucher. Tu éteindras, pour une fois. Salopard. » Eh oui, comme je disais - ça, c'était avant que ça ne tourne vraiment mal- Elle ne racontait que des absurdités, naturellement. Déjà, elle s'appelait Gilda, au départ. Sympa, comme fille. Je l'ai revue, euh, une ou deux fois, après (bien obligé - elles n'aiment pas quand on arrête comme ça), mais c'était destiné à en rester là, pas de problème. Je ne sais pas comment ni pourquoi Anne s'obstine à penser que je lui cache quelque chose d'important. Qu'est-ce qui peut bien leur passer par la tête, à ces bonnes femmes?
"Docteur Love", le mathématicien qui soigne le couple
... Gottman entend refonder la psychologie autour des outils et des raisonnements mathématiques... Gottman élucide par le calcul les mystères de la répulsion conjugale. Il a défini les équations de la fission des atomes crochus et posé les bases d'une théorie générale du chaos amoureux... La colère, le mépris, le contentement, l'envie provoquent une contraction des muscles faciaux... L'affichage des émotions sur le visage n'a rien de culturel. Il s'agit d'un mouvement inné totalement incontrôlable qui exprime la réalité pure des émotions et des intentions d'un individu. Ce moment de sincérité absolue est très fugitif. Il ne s'écoule qu'une fraction de seconde avant que le mécanisme d'expression des émotions ne soit de nouveau contrôlé par celui qui les ressent... Tous les mariages ne méritent pas d'être sauvés. Dès que la violence physique ou psychologique est identifiée dans les gènes d'une relation, le couple doit se séparer. Quand la ligne rouge de la brutalité n'a pas encore été franchie, il suffit, pour savoir si une union qui suffoque va survivre, de mesurer son taux d'empoisonnement au mépris, au déni, à la critique et au repli défensif systématiques... Parmi les vingt attitudes et émotions que Gottman peut identifier au Love Lab, seuls ces quatre toxiques sont mortels pour une relation conjugale. Gottman accorde une place particulière au mépris. Il affirme qu'aussitôt qu'il repère une certaine façon de lever les yeux au ciel par lequel un conjoint exprime instinctivement un grave défaut d'estime pour celui ou celle qui partage sa vie, il sait qu'un mariage est condamné. Le mépris est un mal incurable, même traité dès l'apparition des premiers symptômes. C'est un sentiment particulièrement destructeur car il annihile le désir des couples à défendre des intérêts communs quand surgissent des problèmes sérieux... Ce qui fait la différence entre les couples qui restent unis et ceux qui se séparent, c'est la solidité du front qu'ils opposent aux difficultés récurrentes de la vie. Pour tenir, il faut que les conjoints soient moins amants qu'amis. Le résultat ultime de tous les calculs du docteur Love est là. L'amitié, qu'il définit comme un mélange de respect, d'estime et d'humour cimentés d'intimité, est l'énergie conjugale la plus sûre. L'amour n'est qu'une condition nécessaire, mais certainement pas suffisante pour vivre heureux, longtemps. Et ensemble.
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