|
|
Nèfles ou clémentines ?et autres divagations de Julian Barnes, Stephen Clarke etc.
De Julian BARNESDans "dix ans après", suite de "Love, etc" Oliver et Stuart sont amoureux de la même femme, Gillian qui, d'abord mariée avec Stuart, le quitte pour vivre avec Oliver...
Oliver:
Ah! comme la voix de la conscience ressemble,
dans sa cadence et son expression, à celle de Gillian...
Et plus loin : "nous sommes comme la nèfle"...
Les femmes sont des clémentinesCoucher avec quelqu'un pour la première fois, c'est comme manger une clémentine. Et non, il ne s'agit pas de cracher les pépins. Lorsque vous prenez l'un de ces fruits dans la main, vous ne savez jamais à quoi vous attendre. Parfois, l'écorce est parfaitement tendue, promesse d'une chair ferme et sucrée qui se révélera pourtant sèche comme la trique. Et parfois un zeste flétri et boursouflé qui laissait attendre des quartiers pourrissants recèle une petite merveille... C'est l'inconnu, chaque fois. Les clémentines sont beaucoup plus difficiles à calculer que les pommes ou les bananes. Il y a certes une différence notable entre déshabiller une fille et peler une clémentine, c'est que cette dernière ne parlera jamais au cours de l'opération. Et c'est également l'une des multiples raisons pour lesquelles décortiquer une nana française est toujours pour moi une activité passionnante. Parce que depuis le moment où vous glissez un doigt dans l'élastique de sa culotte jusqu'à celui où vous vous retrouvez tous les deux hors d'haleine, côte à côte dans un lit, vous n'avez cessé d'entendre des tas de locutions et d'exclamations exotiques. Et je suis sûr qu'il y a aussi de quoi dépayser une Française qui décide de coucher avec un Anglais car, lorsque l'extase est proche, combien de ses compatriotes sont du genre à éructer: «Yahoo! », ou : «Happy Christmas! », ou : « Goal! »? Inutile de dire que je ne me laisse jamais aller à ce genre de transports, pour ma part... ... ... Afin de combattre ma nervosité, j'ai croqué une pomme. Non sans l'avoir préalablement pelée et coupée en tranches, ce qui ne me serait pas venu à l'idée avant de vivre en France. Ici, les gens épluchent tout, jusqu'aux brugnons, ce qui les laisse couverts de jus jusqu'aux coudes. En massa- crant ma pomme, donc, je me suis dit que j'aurais préféré de loin peler une clémentine. Mais les semaines passées avaient été singulièrement dé- pourvues de ce fruit délectable, à une juteuse exception près. Et ce n'était pas plus mal, car les clémentines ont une fâcheuse tendanœ à vous prendre la tête, si vous les laissez faire. Dans "God save les Françaises" de Stephen Clarke, ed. Pocket, p. 239 et s.
De Julian BARNES, dans England-England" : ...En
tout cas elle attendait. Elle avait appris à se taire. Elle avait appris
dans sa jeunesse - plus en vertu d'une osmose sociale qu'instruite par
telle ou telle personne - que cela faisait partie du rôle d'une femme
d'amener les hommes à s'exprimer, de les mettre à leur aise; alors ils
vous racontaient des choses passionnantes, vous parlaient du monde, vous
confiaient leurs pensées les plus intimes, et finalement vous épousaient.
Elle avait su, avant d'atteindre ses trente ans, que c'était là un
conseil désastreux. Le plus souvent, cela revenait à donner à un homme
la permission de vous faire périr d'ennui; et l'idée qu'il vous
confierait ses pensées les plus intimes était naïve. Beaucoup n'avaient
que des pensées superficielles de toute façon.
Ce dernier texte est à rapprocher de celui-ci (de "élire"). Cours de communication sentimentale La nouvelle carte du
tendre.
Voir aussi sur ce site, la carte du tendre, |
|