Le
coup de foudre
Un
coup de foudre est une expression francophone qui désigne le fait de tomber
subitement en admiration amoureuse pour une personne ou pour une chose. C'est un
phénomène presque mythique des notions amoureuses, et considéré comme un
idéal romantique.
wikipedia.org/ |
Reprise
d'un panneau d'avertissement fort répandu concernant les chocs
électriques. Le thème illustré ici et féminisé pour l'occasion est le
coup de foudre. Histoire d'avertir les demoiselles des capacités de
séduction du porteur du thsirt. |
Chez
Racine
Dans
d'autres langues
Par
le nez ?
Meurtre
oculaire ?
L'exemple
le plus illustre est donné par
Racine
dans Phèdre :
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner...
Vaines
précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus toute entière à sa proie attachée.
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la suite sur etudes-litteraires
"Coup
de foudre" correspond littéralement à "l'amour au premier
regard". Dans différentes langues, on a donc :
Love at first sight (Anglais),
Amore a prima vista (Italien),
Amor a primera vista (Italien),
Keravnobolos erotas (Grec),
Liebe auf den ersten
Blick (Allemand)...
Tous
ceux qui ont éprouvé le "coup de foudre" racontent la même chose: Une rencontre soudaine qui boulverse les amoureux d'un flot d'émotions, de
sensations et de désirs inatendus inéplicables et violents. En quoi ce type de
rencontre est-il différent des autres ? Peut-il déboucher sur une relation
durable ?
L’effet
de surprise élimine toute possibilité de réflexion : En un instant, les
victimes se sentent seuls au monde, sans repères, comme emportés par magie
vers un destin inévitable. Tous les préliminaires classiques pour nouer une
relation sont oubliés. Ils sont prêts à tout lâcher sur un coup de tête,
quitter mari ou femme, enfants, travail... avec cette perception d’amour total
et absolu, les attaches du passé semblent fades et sans valeurs.
Mais
toute rencontre amoureuse connaît l’étape nécessaire et douloureuse de la
fin de la " lune de miel " et la confrontation irrémédiable avec la
réalité n’en sera que plus brutale car ils sont persuadés qu’il s’agit
d’un amour sacré, béni des dieux, reposant sur des bases solides, signe d’un
destin infaillible ?
La
continuité de la relation peut se faire si un travail de distanciation, qui est
d'ailleurs nécessaire dans toute relation débutante, est effectué: " L’image
du partenaire ayant été surinvestie, il faut être capable d’entrer en
relation avec la vraie personne : c’est-à-dire avec quelqu’un d’autre.
Alors seulement, une vie de couple peut commencer. Mais à condition que chacun
prenne en charge sa propre problématique : pourquoi ce coup de foudre a-t-il eu
lieu ? Pourquoi l’autre prend-il tant de place ? Des questions valables d’ailleurs
pour n’importe quelle rencontre amoureuse.
Le
vrai danger est quand le "coup de foudre" est à sens unique : L’illusion
qu'il provoque peut conduire la réciprocité imaginaire, si cet attachement n’est
pas partagé. " S’accrocher désespérément à un être qui n’éprouve
pas les mêmes sentiments peut conduire à l’érotomanie, cette forme de
psychose passionnelle fondée sur l’illusion délirante d’être aimé "
Lire
plus sur Psychologies
(Dans
Courrier Internationnal, 10 au 16 Mars 2016)
Extrait
de Agnès Giard - http://sexes.blogs.liberation.fr/...vous-y-croyez
De
nos jours encore, l’expression «coup de foudre» reste courante. Cette
expression renvoie à l’idée, saugrenue, qu’il suffit de voir ou de croiser
le regard de quelqu’un pour en tomber amoureux, instantanément. C’est une
métaphore bien sûr. Mais il y a quelques siècles… c’était une donnée
médicale. Pour le célèbre Marsile Ficin (1433-1499), humaniste de la
Renaissance, fils de médecin, voici comment cela se passe : l’œil émet des
buées (on peut les voir sur la surface froide d’un miroir, dit-il), dont le
pouvoir est hautement contagieux. «Les esprits s’échappent de l’œil»,
sous la forme d’une «vapeur subtile évaporée du sang». Cette vapeur
pénètre l’œil de la personne qu’on fixe des yeux. Là, elle «cherche le
cœur, […] se condense en sang, se mêle au sang étranger, réalisant ainsi
très concrètement le charme de l’amour». Pour Ficin, le fait de regarder
quelqu’un avec intensité correspond à une transfusion sanguine. Et de même
qu’il y a toujours des risques de contamination par le sang, certains virus,
certaines maladies se répandent par l’œil.
«Puis
je crains tant vos yeux, que je ne saurais être
Une
heure, en les voyant, sans le cœur m’arracher.» Marsile Ficin n’est pas l’inventeur
de cette théorie. Il ne fait que l’emprunter aux innombrables penseurs et
savants qui le précèdent, mais il la formule en termes qui préfigurent notre
vision «rationnelle» du monde, à l’aide de termes familiers :
«transmission», «contagion», «émanations délétères»…
Les
morsures visuelles dont les poètes font leurs délices depuis Pétrarque jusqu’à
Ronsard ne sont pas que des figures de style redondantes:
–
«Les rais flambants de votre œil foudroyant
Perçant
mon cœur de leur lumière prompte» (1)
-
«Si doucement le venin de tes yeux
Par
même lieu au fond du cœur entra» (2)
Elles
désignent ce qui, pour les hommes de l’époque, relève d’une vérité
scientifique. Le regard perce, inocule son venin, rend l’homme «débile»
(faible). Attention, danger. «L’action de regarder ou de se soumettre au
regard de l’autre n’est jamais dépourvue de risque, tout au moins d’une
signification radicalement étrangère à ce que l’on pourrait appeler l’univers
contemporain de la vision», conclue Havelange.
(1)
Olivier de Magny, Les cent deux sonnets des Amours, éd. M. Whitney, Genève,
Droz, 1970, p. 25. (2) Maurice Scève, Délie. Objet de plus haute vertu. Dizain
42. Édition de Françoise Charpentier, avec la reproduction des emblèmes.
Collection Poésie/Gallimard, 1984. Extrait de Agnès Giard -
http://sexes.blogs.liberation.fr/...vous-y-croyez
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