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Lettres de rupture : Comment l'écrire ?L’écriture d’une lettre de rupture est un moment émouvant, souvent difficile, mais aussi salvateur car il libère le cœur et l’esprit, et à l’image d’un contrat, nous libère d’une relation qui ne nous satisfait plus. La lettre de rupture permet de faire le point sur une histoire vécue à deux, de s’affirmer et de reprendre son indépendance. Quitter quelqu’un par un écrit est délicat : il s’agit de se défaire d’une existence commune pour retrouver la sienne. Nombre de lettres de rupture commettent des erreurs irréparables. DesLettres volent à votre secours en s’inspirant de maîtres en la matière, de Flaubert à Montesquieu. Partez avec élégance ! Etape n°1 : ContextualisezPour commencer cette lettre, il s’agit de ne pas être trop abrupt(e) : contextualisez la en décrivant le moment au cours duquel vous l’écrivez, votre état d’esprit, le lieu où vous vous trouvez. Installez une ambiance propice à la confession. Cette première description permettra de planter le décor de votre déclaration à venir, et d’ores-et-déjà, de transmettre l’humeur qui vous habite. L’atmosphère générale que vous donnerez à votre courrier est importante pour réussir votre écrit et partir avec douceur et respect. À la mode de George SandCette lettre, elle l’envoya à Alfred de Musset après que celui-ci lui fit une déclaration d’amour qu’elle jugea de trop. Pour ouvrir sa lettre, elle décrit précisément le cadre dans lequel elle se trouve qui augure la révélation d’une mauvaise nouvelle : « Je t’écris sur un album d’un petit bois où je suis venue me promener seule, triste, brisée. » À la mode de James JoyceJames Joyce, quant à lui, doute de la paternité de son fils après avoir appris que Nora l’avait trompé. Le début de sa lettre, dessine le paysage général de son aveu : l’incertitude, la crainte, l’angoisse. « Il est six heures et demie du matin et j’écris dans le froid. J’ai à peine dormi toute la nuit. » Etape n°2 : RompezAprès avoir fixé l’atmosphère générale de votre lettre, il s’agit d’exposer l’objet de ce courrier, à savoir, votre volonté de rompre. Au plus vite cet objet apparaît, au mieux c’est : il est nécessaire de ne pas tourner autour du pot et de ne pas énoncer cette dure vérité qu’à la fin. Soyez honnêtes, francs, entiers, autant de qualités indispensables à une rupture. À la mode de Françoise SaganVous pouvez vous inspirer du « charmant petit monstre » qui écrit avec un enrobage délicieux et désespéré à son amant mystérieux : « Puisque nous ne nous aimons plus, puisque tu ne m’aimes plus en tout cas, je dois prendre des dispositions pour les funérailles de notre amour. » À la mode de KafkaSi vous souhaitez la palme de l’élégance, prenez exemple sur Kafka qui, de façon indirecte et profondément émouvante, annonce la terrible nouvelle : « Ne demande pas pourquoi je tire un trait. » À la mode de Marguerite DurasPour les plus direct(e)s et incisifs(-ves) d’entre vous, aucun doute : c’est vers Marguerite Duras qu’il faut se tourner. Alors qu’elle ne supporte plus l’homosexualité de celui dont elle est amoureuse, elle prend la plume et ne passe par quatre chemins, offrant une rupture d’une clarté sans pareille : « Yann, c’est donc fini. » Étape n°3 : ExpliquezSans avoir l’air de vous justifier, vous devez donner à votre ancien amour les raisons de votre décision. Il faut lui faire comprendre pourquoi vous vous en allez pour donner à cette rupture la plus grande justesse et loyauté possible. Essayez de ne pas vous laisser déborder par les rancœurs et les reproches : ce temps n’est plus. Tout en essayant de prendre du recul, il vous faut analyser les défauts de votre relation, et les différentes situations qui vous ont mené(e) à cette rupture. À la mode de George SandNe retrouvant plus ce qu’elle cherchait auparavant dans sa relation avec Musset et le trouvant trop démonstratif, l’écrivaine s’en déleste avec la plus grande clarté : « Ce n’est plus cette amitié pure dont j’espérais voir s’en aller, peu à peu, les expressions sont trop vives. » À la mode de Sarah BernhardtÀ vif et blessée, Sarah Bernhardt prend la plume pour vider son sac et poser des mots sur l’humiliation qu’elle a ressentie et qui l’a guidée vers la rupture : « Tu as avili ma dignité de femme à chaque instant » ; « J’ai du subir tes violences sans causer de scandale. » À la mode de TolstoïNe sachant alors pas qu’il allait mourir le lendemain, Tolstoï, dans un dernier élan de vie, reprend son indépendance et décide de quitter sa femme, pour des raisons liées à sa santé psychologique : « Ton état actuel, tes envies et tes tentatives de suicide, qui plus que toute autre chose montrent que tu as perdu le contrôle de toi-même, rendent impensables mon retour maintenant. » À la mode d’Elsa TrioletChez Elsa Triolet, c’est la vie même qui est accusée : la routine, le manque de temps, la perte d’attention : « Je te reproche de vivre depuis trente-cinq ans comme si tu avais à courir pour éteindre un feu. Dans ta course, il ne faut surtout pas déranger, ni te devancer, ni t’emboîter le pas, ni te suivre — quel que soit l’ouvrage — aussi bien couper des branches sèches, il ne faut surtout pas s’aviser de faire quoi que ce soit avec toi, ensemble. Cette dernière entreprise est bien ce que j’avais vécu de plus affreusement triste. » Nous pouvons vous donner autant d’exemples que vous le voulez, mais souvenez-vous que chaque histoire d’amour est différente, et a fortiori que chaque raison justifiant une rupture sera différente. La leçon à retenir de ces différentes raisons est la manière de les présenter : soyez clair(e)s. Etape n°4 : Revenez sur votre amourCette étape, la plus émouvante, consiste à rappeler l’amour que vous avez ressenti et partagé avec cette personne. Il s’agit de faire comprendre à celui ou celle qui deviendra votre ex que quelle que soit la décision que vous prenez aujourd’hui, l’amour que vous avez ressenti restera intact et respecté dans votre mémoire. À la mode de DurasSi vous avez envie d’aller droit au but, vous pouvez une fois de plus vous inspirer de Marguerite Duras, qui à vif, ne lésine ni sur sa déclaration d’amour, ni sur l’emploi du passé : « Je vais tout faire pour t’oublier. J’espère y parvenir. Je t’ai aimé follement. » À la mode de Françoise SaganNostalgique, elle rappelle ce qu’elle aimait chez son amour perdu : « J’aimais l’enfant en toi, et le mâle et le vieillard possible. » À la mode de Paul VerlainePeut-être notre version préférée : colérique et ironique, il rappelle à son amant, Rimbaud, ses exigences autant que son amour éteint : « Seulement, comme je t’aimais immensément je tiens aussi à te confirmer que si – d’ici à 3 jours, je ne suis pas r’avec ma femme, dans des conditions parfaites, je me brûle la gueule » Etape n°5 : Faites vos adieuxIl est enfin temps de clore ce mail en faisant ses au revoir, qui se transformeront peut-être, avec le temps, en des adieux. À la mode du Marquis de SadeDe façon irrévocable et définitive, il écrit à Mademoiselle Colet : « Adieu pour la dernière fois. » À la mode de StendhalDe manière réfléchie et tempérée, il imagine la lettre que Clémentine Curial pourrait lui écrire : « Adieu, mon cher ami, soyons raisonnables tous les deux. » À la mode de Marie DorvalUsant d’une formule qui n’est pas tout à fait définitive, elle laisse, sait-on jamais, une porte ouverte : « Est-ce donc adieu, est-ce donc à jamais ? » Et pour vous, quelle serait la meilleure façon de rompre par écrit ? Envoyez moi vos suggestions |
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